Direction Tavel, en Vallée du Rhône Sud pour rencontre Ambre Delorme, cogérante du Domaine de la Mordorée. Passionnée, elle nous parle de l'histoire du domaine, de la cogérance avec sa maman, de leur philosophie et de leurs cuvées de Tavel, que les abonnés du Petit Ballon découvriront en mai.


 

Bonjour Ambre, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? 

Je suis Ambre Delorme, cogérante du domaine de la Mordorée avec ma maman depuis 2016. 

En parallèle de mes études, j'ai toujours participé aux travaux dans les vignes, en salon, le travail en cave. 

J’ai fait des études de commerce, pas directement en lien avec le monde du vin, mais disons que je me suis formée auprès de mon père, Christophe Delorme, sur le terrain directement. Je devais commencer à travailler sur le domaine avec mon père, mais il est brutalement décédé en 2015.

 

J’imagine que cet évènement a précipité les choses ? 

Oui tout à fait. Il est décédé du jour au lendemain quelques mois avant les vendanges. Mon grand-père a repris au pied levé et puis en février 2016, ma mère et moi avons pris le domaine en gérance. 

Depuis, on a continué l’aventure en conservant la philosophie insufflée par mon père : produire des vins de garde, de gastronomie, en mettant en avant la qualité et l’éthique.

 

Pouvez-vous revenir sur l’histoire du domaine de la Mordorée ? 

C’est une entreprise familiale, créée en 1986 par mon grand-père Francis et mon père, son fils, Christophe. Il y a toujours eu des terres du côté de ma grand-mère maternelle et paternelle. 

En 1986, ils ont créé le domaine sur la commune de Tavel et ont acquis peu à peu des terres à Lirac et à Châteauneuf-du-Pape. Aujourd’hui, l’exploitation s’étend sur 42 hectares en Vallée du Rhône Sud, réparties sur huit communes. 

 

D’où vient le nom du domaine “La Mordorée” ?

La mordorée, c’est le nom poétique de la bécasse, car mon grand-père était chasseur. Mon père, lui, ne l’était pas, c’était un vrai passionné et amoureux des oiseaux. Quatre autres surnoms de la bécasse sont présentes sur nos cuvées : La Dame Rousse, La Dame voyageuse, La Reine des Bois, la Remise (ndlr : remise à bécasse). 

 

Au quotidien, comment se passe votre collaboration mère / fille ?

Très bien, enfin surtout quand les tâches sont bien réparties (rires).  Nous sommes complémentaires. Ma mère s’occupe de la gestion de l’oenotourisme, des activités dans les vignes et de la gestion administrative. Nous avons un gîte face au Mont Ventoux, et elle s’en occupe également. Moi, je chapeaute davantage la partie commerciale, la cave, les vignes. 

Je suis fille unique donc j’ai toujours été proche de ma mère (rires). 

 

Votre slogan est “par amour de la terre”. Comment ça se concrétise dans le quotidien ? 

Oui, ça fait pleinement partie de notre philosophie et de notre conscience éthique. Le résultat final est aussi important que le chemin que l’on prend. 

On veut que nos vins soient des vins de terroir, qu’ils soient représentatifs des lieux où chaque raisin pousse. Le domaine est certifié en biodynamie depuis 2020, toutes nos vendanges sont manuelles. On a à cœur de prendre soin de nos terres. 

Au quotidien, on accompagne le vignoble dans sa globalité, on préserve la biodiversité qui l’entoure. Pour avoir un terroir vivant, pour que les vins soient le reflet du terroir, il faut prendre soin de tout son environnement. On accompagne la vigne tout au long des saisons, on fait attention aux couverts végétaux, aux haies pour qu’il y ait de la vie et de la biodiversité. On a installé des nichoirs à mésange, à chauve souris. On cherche à implanter des choses qui ont un impact positif. 

Quand nos clients achètent une bouteille à la Mordorée, on a envie qu’ils comprennent qu’ils n'achètent pas juste une bouteille de vin : ils achètent une bouteille qui a un message, un vin qui  a été produit en préservant un terroir, une biodiversité, des vignes centenaires.

 

Face au réchauffement climatique, qu’est-ce que vous mettez en place ? 

Avec le réchauffement climatique, ces deux dernières années, les vignes ont vécu du stress hydrique, de la grêle, des chaleurs intenses. L’idée, c’est de pouvoir accompagner la vigne, de planter des arbres autour des parcelles pour apporter de la fraîcheur, pour ne pas avoir trop de plateaux sans vie. 

Les préparations de biodynamie nous aident à envoyer des informations à la vigne : c’est le moment de pousser, de se mettre en réserve. On se doit de l’accompagner à réagir au bon moment, et s’implanter au mieux dans sa saison. C’est comme les humains : on prend des compléments alimentaires pour préparer l’hiver, pour combler nos carences. L’idée de la biodynamie, c'est la vitalité !



On va faire découvrir une cuvée Tavel, la reine des bois, dans les box de mai. Le Tavel, c’est un style de rosé, méconnu, qu’est-ce que vous pouvez nous en dire pour le présenter ? 

Je préfère le présenter comme un rouge léger plutôt que comme un vin rosé. 

Ce sont des vins de gastronomie, très versatiles, qui s’allient avec les cuisines du monde, mais aussi de la bonne cuisine française. J’adore les accords avec du sucré salé, de la cuisine asiatique, avec des plats épicés, avec des truffes, du chocolat. 

On peut avoir bcp de plaisir avec ce type de vin. 

 

Quelle est la différence entre vos deux cuvées de Tavel : La Reine des Bois et la Dame Rousse ? 

La Reine des bois est issue du célèbre Plateau de Vallongue et La Dame rousse est un assemblage de plusieurs terroirs : galets roulés, lauzes calcaires et sablonneux.

 

Niveau accord mets vins avec la cuvée La Reine des bois, qu’est-ce que vous recommandez ? 

Le mois de mai, c’est le début des barbecues, avec des viandes grillées, c’est la cuvée parfaite pour ces moments avec les amis. Le Tavel, ça met tout le monde d’accord (rires) ! Même avec un beau plateau de fruits de mer, ça s’accorde parfaitement.

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