Zoom sur le Château Labastide
Château Labastide
Votre plus belle année ?
Je me suis mariée en 1991. Lors de mon mariage en 91, nos vins de 90 étaient bien sûr trop jeunes pour des palais non aguerris, mais ils étaient à faire pâlir tous les producteurs d’Aquitaine jusqu’à Bordeaux !
Quelle est votre ligne directrice pour 2015 ?
Nous allons acheter de petites cuves en ciment pour fractionner nos vinifications par parcelle. Nous utilisons encore les cuves de nos anciens et nous continuerons à faire nos assemblages à l’intérieur, mais le fractionnement nous apportera une sélection de meilleure qualité.
Des nouveautés, des projets ?
Après être tombés dans l’oubli à la fin du XVIIIe siècle du fait de ne plus avoir accès au port de commerce qu’était Bordeaux, nous faisons partie des AOC depuis 2011 et cela nous pousse à atteindre l’excellence. Nous utilisons de nouveaux tonneaux de bois neufs : le demi-muid. Cette barrique de 600 litres était traditionnelle sur notre domaine, elle apporte moins de bois et une bonne oxygénation. Ce fut un succès.
À l’étranger, quelle est votre région viticole préférée ?
La Toscane, et tout particulièrement l’appellation de Bolgheri. Nous avons en commun le cabernet franc comme cépage dominant, de magnifiques coteaux, des cyprès, une lumière chaude, ce même charme décrit déjà par George Sand.
Quel cépage rêveriez-vous de pouvoir cultiver dans votre domaine ?
Quelques rangs de sémillon sauvignon pour avoir du bourru blanc à boire aux vendanges. Ce sont de vieux souvenirs d’enfance avec ma sœur Catherine. Nous allions boire au tonneau du bourru blanc : la meilleure des boissons, du fruit, du sucre, une légère touche pétillante. Notre père en faisait de petits sauternes sur nos coteaux. Mais pour le moment, c’est juste en rêve, nous avons bien assez de travail !
Pourquoi avez-vous décidé de collaborer avec Le Petit Ballon ce mois-ci ?
Parce que nous avons fait la connaissance de toute l’équipe, d’abord par mail, puis par téléphone. Ces modes de communication impersonnels ne pardonnent pas. Sans nous connaître, nous parlions le même langage, nous parlions des choses de la même façon, c’est-à-dire simplement : tout le monde connaissait son sujet parfaitement. Les gens de qualité se flairent comme un verre de vin. Et la preuve s’en est faite au Grand Tasting du Carrousel où nous nous sommes rencontrés.
Que conseilleriez-vous aux abonnés du Petit Ballon pour déguster votre vin ?
Allez dans une brocante acheter ces très gros draps écrus dont plus personne ne veut, ou peut-être en avez-vous dans vos armoires, faites-en une nappe. Cela donne une époque, un contexte, une vérité. Puis ajoutez des verres à pied, des carafes à eau et à vin, des dessous de bouteille, des dessous de plat, des porte-couteaux, des fleurs… et une compagnie qui vous est agréable. L’esprit est alors en condition pour apprécier le vin, le plat qui l’accompagne, la conversation qui s’anime, et là, « vient le plaisir »…
Pour vous, le meilleur moment pour déguster votre vin ?
Chaque fois que l’envie s’en fait sentir. L’ENVIE, c’est elle qui nous donne la joie, le bonheur et le plaisir. Le vin donne avant tout de la joie et parfois courage et santé, car les tanins du sud-ouest sont bien connus pour nous garder en pleine forme. À voir la « reine mère » du domaine : une dame de 93 ans qui surveille notre site, l’alignement des plantations, les déclarations, et qui répond parfois au téléphone, histoire d’être au courant des affaires.
Comment définiriez-vous votre vin ?
C’est un vin charmeur grâce à son équilibre entre fruit, tanin et alcool. Il est un tout harmonieux. Cette qualité est semblable pour un homme ou une femme bien balancés. C’est plaisant !
Une anecdote, une histoire à raconter sur votre domaine ?
Le domaine fournissait la cour de France sous Louis XVI. Notre aïeul Jean Orliac fit naufrage dans la Garonne avec sa cargaison et Louis XVI rédigea un sauf-conduit en sa faveur pour le sauver de la prison, car le naufrage de son bateau l’avait porté à la banqueroute. Nous avons la chance d’avoir toujours ce document au domaine.
Pour vous, qu’est-ce qui fait un bon vin ?
Le terroir, le climat, l’amour que l’on donne à la vigne, et bien sûr, l’homme qui fait le vin. Nous sommes 2 sœurs, Isabelle et Catherine, qui aimons et transformons, à la manière d’Émile Peynaud, le grand œnologue de Château Margaux, c’est-à-dire en ramassant de beaux raisins et en laissant faire à la nature le reste.
Retrouvez les deux vins du Domaine : Château Labsatide 2010 & Château Labsatide - les 2 Soeurs en Aquitaine 2013