La tribune d'Emmanuel Delmas
En 2005, Emmanuel ouvre le Blog du Sommelier. Riche de 1 000 articles, il est devenu en 2010 le Wine Blog Trophy du meilleur blog sur le vin de France. Ce blog lui permet de se relier aux vignerons et aux passionnés (près de 500 000 visiteurs uniques par an). Emmanuel est devenu Chevalier de l’ordre du Mérite agricole - Promotion 2014.
La grêle s’est invitée tout récemment sur les vignobles de France. La Bourgogne ne fut pas épargnée, notamment sur Meursault, Volnay et Pommard. Déjà en juillet 2013, et encore en 2012. Trop, c’est trop.
S’il est évident que cela est catastrophique pour la récolte à venir, décourageant, le mot n’est pas galvaudé, pour nos vignerons, celle-ci fait suite à deux minuscules récoltes précédentes. Être vigneron de nos jours, et je parle de nos « jardiniers » de la vigne, appliqués et impliqués dans le travail de leur végétal, reste ô combien difficile.
Le commun des mortels a bien du mal à se rendre compte des difficultés, du courage et de la passion qui animent ces femmes et ces hommes prêts à tant de sacrifices afin de faire exprimer à leurs vins toute l’expression de leur terroir. À travers ceux-ci, l’énergie, le fond et la vitalité y respirent. Les éléments font partie intégrante de cet environnement et ajoutent aux difficultés.
Comprenons bien le désarroi qui anime certains de nos vignerons, après l’abandon de la classe dirigeante, toujours aussi dramatiquement inflexible vis-à-vis d’une loi Evin castratrice, face aux éléments qui se déchaînent. Et pourtant, après deux récoltes riquiqui, ils avaient tant d’espoir d’un millésime enfin normal. Ils en ont tant besoin ! Pour survivre, certains n’ont d’autre choix que de devoir augmenter le prix de leurs vins, sans aucune gaité de cœur, croyez-le bien ! Le risque est grand pour eux de voir s’écarter une partie de leurs clients si fidèles jusque-là. Une catastrophe, là encore. Mais quelle autre alternative pour nos jardiniers de la vigne ?
Et là, patatras, la grêle détruit le peu d’espoir qu’il leur restait. Certains m’ont confié leur désarroi, leur envie presque de baisser les bras. Ils ne le feront pas, c’est impossible. Habités qu’ils sont par l’amour, sans condition. Celui de leur terre, de leurs vignes, de leurs vins. Et des gens.
Que faire, donc ?
Nous autres, professionnels, blogueurs, journalistes du vin et amateurs, devons les soutenir en continuant plus que jamais à relayer leur travail. À apporter un peu de lumière sur leur quotidien en leur offrant un peu de réconfort, en leur exprimant notre admiration. En les remerciant de nous offrir tant de plaisir. Soyons cette épaule dont ils ont tant besoin. Car plus que leur humilité, leur pudeur leur interdit de se plaindre. Je crois humblement que tous ensemble, nous devons, plus que jamais, les soutenir, à notre manière !