5 bionnes idées pour des vignes responsables
Adieu vins nourris aux désherbants chimiques amoureusement glyphosatés, bienvenue à toi ô terroir gorgé de minéraux et d’organismes vivants géniteur de vins bio jusqu’à la moelle !
Parce que la terre en a assez de son lot de chimie quotidienne et qu’elle nous demande, de grâce, de trouver des solutions naturelles pour se requinquer (et boire) un bon coup, bon nombre de viticulteurs ont répondu à son appel. Convaincus de l’importance de cet engagement, nous avons décidé de mettre en lumière leurs initiatives.
#1 Jouer à saute-mouton chez les vignerons
Tandis que le glyphosate fait ravage au cœur des vignes, on voit fleurir de belles idées chez les mordus du cep : elles visent à désherber sans polluer notre beau terroir.
Parmi les initiatives amourachées de nature, une activité pratiquée depuis bien longtemps par nos aïeux refait surface : l’éco-pâturage moutonnier.
D’une pierre deux coups, ces braves créatures devenues des « saisonniers » à part entière désherbent les parcelles et évitent ainsi le recours aux produits chimiques (pas folle la guêpe).
Cerise sur le bouchon, leur pâturage limite l’invasion d’espèces invasives et cajole ainsi nos précieux vignobles. Merci qui ?
Si vous traînez vos guêtres à La Londe-les-Maures — jolie bourgade au creux du Var — vous apercevrez sûrement un troupeau de moutons alléché par les verts pâturages du domaine de Figuière. Ici, les herbes folles se gardent de faire intrusion et le mot « herbicide » n’a pas été prononcé depuis 1979 (véridique) !
Clou du spectacle ? Leurs excréments sont réutilisés en compost pour nourrir la terre. C’est pas bio ça ?
#2 Labourer à cheval comme jadis
Dans le genre bio jusqu’au bout des ongles, le cheval mérite sa place au palmarès ! Non, il ne s’agit pas là d’une stratégie marketing visant à glorifier le folklore de nos belles campagnes françaises (même si, on vous l’accorde, elles sont bougrement jolies), mais d’un mode de culture adopté au sein d’une tranche grandissante de viticulteurs bio.
Vaillant mercenaire, le cheval est ici utilisé pour « buter » les vignes, soit retourner la terre sur les souches afin d’étouffer l’herbe, qui sera ensuite retournée dans l’autre sens à la saison des amours.
Pourquoi est-ce diablement pratique ? Les chevaux tassent beaucoup moins de terre qu’un tracteur et donnent accès à de gentils petits microbes venant nourrir nos sols. Au bout du goulot : un recours aux produits chimiques limité, voire inexistant, pour traiter les maladies. Chic alors.
Focus vigneron : le domaine du Mas du Libian
Il semblerait que cette méthode soit venue jusqu’aux oreilles de la famille Thibion, fièrement ardéchoise depuis 1670. Ces heureux propriétaires du Mas de Libian sont classés en biodynamie depuis 2005.
Pesticides et désherbants ne sont clairement pas au goût du jour sur les 25 hectares du vignoble, notamment grâce à Nestor, superbe cheval de trait comtois. Ce stakhanoviste acharné laboure 10 hectares tout au long de l’année à lui tout seul ! Il est amoureusement choyé par les maîtresses des lieux, Hélène, Catherine et Cécile qui veillent au grain dans leur domaine matriarcal.
Une chose est sûre : woman power et vin bio font diantrement bon ménage chez les Thibion.
#3 Dire oui ô oui à la phytothérapie !
Plusieurs vignerons ne jurent que par elle pour chouchouter leur terroir. Et pour cause, la phytothérapie — en gaulois : traitement par les plantes — est une divine bienfaitrice auprès des vignes. Pour éviter de l’offenser, nous tairons son âge canonique, mais on vous donne un indice : la phytothérapie a été mise en place il y a des milliers d’années, bien avant l’arrivée des traitements chimiques !
Quelques exemples ? Décoctée, la prêle prévient du mildiou tandis que la racine de rhubarbe est un fongicide miracle contre les moisissures.
Dans ce domaine de 4,5 hectares douillettement lové en Loire-Atlantique, on vit, parle et mange biodynamie (une parcelle non certifiée, mais rudement bio tout de même).
Pour faire simple : engrais, pesticides de synthèse et désherbant peuvent aller se faire se cuire un œuf.
On vous parlera plutôt de purin d’ortie, de fougère, consoude et décoction de prêle, bien plus sexy à leurs yeux.
Au Bois Rond, comme tout bon biodynamo qui se respecte, on minimise l’usage du cuivre et du soufre au maximum et l’on troque la machine contre une vendange manuelle, comme au bon vieux temps…
#4 Adopter la confusion sexuelle (ils ont osé !)
Loin de nous l’idée de transformer cet article en une rubrique œnopornographique, on vous parle bel et bien d’une pratique viticole bio, promis juré.
Sans aucun esprit grivois, la confusion sexuelle consiste à brouiller les pistes pour les papillons friands de copulation.
On voit déjà votre mine confuse : il s’agit d’émettre des phéromones synthétiques afin que le mâle soit incapable de localiser sa dulcinée.
En bref, moins d’ébats équivaut à moins d’œufs, soit moins de chenilles et, au bout des vignes, un raisin moins endommagé. Vous l’avez ? Que les naturophiles avertis se rassurent : pas de toxicité en vue avec cette méthodologie, la faune reste adorée comme jamais.
Focus vigneron : le domaine du Château Bardins
La confusion sexuelle, ils la connaissent sur le bout des doigts au Château Bardins, et sans mauvais jeu de mots.
Dans cette propriété du sud-ouest engagée en viticulture bio, on combat les nuisibles autrement que par les insecticides sur les 24 hectares que compte le domaine. Tels de valeureux soldats, ils mènent une lutte acharnée contre les deux ennemis jurés de la vigne, Eudémis et Cochylis, surnommés « les tordeuses de la grappe ».
Afin d’éviter que ces bad boys ne perforent les grains de raisin et envoient valser les récoltes, les vignerons du Château Bardins se munissent d’étranges boîtiers en plastique qu’ils accolent aux fils de fer du palissage.
Effet mouche garanti : le mâle est totalement désorienté et s’en va draguer ailleurs !
#5 Désherber à l’eau chaude, mais oui Môsieur
Même s’il s’agit d’un tout nouveau-né chez les vignerons bio, le désherbage à l’eau chaude est un beau bébé qui mérite d’être présenté. Parlons concret : ce procédé réside dans l’utilisation d’une eau chauffée à 120 °C et propulsée à basse pression à travers de micro gouttelettes.
Plus écolo, tu meurs, car il fonctionne avec toutes les eaux de récupération (eau de forage, eau de pluie, etc.).
Focus mécano : Oeliatec
On doit cette prouesse technique à un groupe breton fichtrement inventif, j’ai nommé Oeliatec, bien décidé à déjouer les codes avec sa désherbeuse bourrée de panache.
Testée dans le Val de Loire et le vignoble nantais, cette solution pourrait bien faire ses preuves dans les années à venir. On compte loger au premier rang !