Blog Nos vignerons L’envers du décor d’un 3ᵉ Grand Cru classé
L’envers du décor d’un 3ᵉ Grand Cru classé

L’envers du décor d’un 3ᵉ Grand Cru classé

Des moutons broutant paisiblement en face du château, des ruches quelques mètres plus loin... Dès nos premiers instants au Château La Lagune, nous avons un pressentiment : ce domaine-là, a un petit truc en plus qui donne envie d’en savoir plus. Cela tombe bien ; le domaine, propriété de la famille Frey, nous a ouvert grand ses portes pour une immersion dans les coulisses d’un troisième grand cru classé bordelais.


Une histoire de famille(s)

Situé à une vingtaine de kilomètres de Bordeaux, à Ludon-Médoc, l’histoire du Château La Lagune remonte au XVIe siècle. Des faits marquants, nous retiendrons sa distinction de 3ᵉ grand cru au classement historique de 1855, des vins reconnus internationalement grâce à la famille Seze, un passage à vide suite aux guerres du début du XXe siècle et une douce renaissance grâce à Georges Brunet en 1958. Après avoir été légué à deux autres propriétaires entre temps, c’est finalement entre les mains de la famille Frey, que l’histoire du domaine prend un tournant d’envergure au début des années 2000. Grâce à des travaux d’envergure, à la modernisation des équipements, et à l’arrivée de la fille aînée de Jean-Jacques Frey, Caroline, comme œnologue et vigneronne en 2004, le Château La Lagune a tous les atouts pour retrouver ses lettres de noblesse. 

Virage vert : révolution durable à La Lagune

Revenons à nos moutons. Et c’est le cas de le dire ! L'arrivée de Caroline Frey en 2004 marque un tournant décisif pour La Lagune. Sa vision est claire : le domaine doit s’orienter vers des pratiques durables. Dix ans plus tard, le domaine produit son premier millésime certifié bio en 2016. En 2022, le domaine se distingue encore en devenant le dixième château bordelais à recevoir une certification en biodynamie.

Mais Caroline et son équipe vont encore plus loin : ils convertissent le domaine en un refuge vibrant de biodiversité où cohabitent vignes, forêt, marais, verger, ainsi que moutons, vaches marines landaises, abeilles et oiseaux. L’objectif ? (Re)créer un équilibre naturel, diminuer le nombre de ravageurs et favoriser les échanges du vivant bénéfiques à l’équilibre de la vigne et à ses défenses naturelles.  Tous les détails comptent. 

Les défis de la viticulture vertueuse

Ce n’est pas simple pour autant : le climat océanique propre à Bordeaux favorise l’apparition de maladies comme le mildiou. Il en faut cependant davantage pour que François-Régis, le chef de culture, se cache derrière cette excuse “j’ai toujours été très sensible à la biodynamie, donc je n’ai pas eu de mal à adhérer à la vision de Caroline. Comme la terre, on essaie d’être résilient : on s’adapte, on expérimente, et on voit comment la vigne réagit”.  

La biodynamie demande un engagement sans faille de toute l'équipe : “Les traitements préventifs (soufre et cuivre) sont plus facilement lessivées par la pluie. Il faut donc parfois revenir le week-end pour réagir vite. Cela fait trois week-ends que nous devons revenir au domaine. En biodynamie, c’est le temps qui dicte notre rythme de travail. Mais quand on voit le résultat sur nos terres, nos vins et notre santé, c’est un sacrifice que nous acceptons volontiers,” confie François-Régis.

Esprit d’équipe sous les couleurs de La Lagune

Sacrifice oui, mais surtout esprit d’équipe. “On est comme au rugby”, s’exclame joyeusement Alexandre, le maître de chai. “François-Régis et son équipe, me font la passe en me livrant des raisins de qualité, et ici au chai, on transforme l’essai en les vinifiant, sous le regard du coach : Caroline (rires)”. Pour la petite histoire, François-Régis et Alexandre, se sont rencontrés lors d’un stage dans un domaine chilien. On comprend mieux la bonne collaboration entre ces deux bordelais passionnés. 

Dans les vignes, même son de cloche. Un groupe de cinq vigneronnes joviales est en plein levage. “Cela consiste à passer manuellement dans chaque rang de vigne, et à glisser les rameaux à l'intérieur de fils de fer pour assurer un port vertical des branches”, explique l’une d’entre elle, forte de 30 ans d’expérience au domaine. “Nous sommes un maillon fort de la chaîne (rires) : sans nous, les vignes ne donneraient pas des raisins d’aussi bonne qualité,” ajoute une de ses collègues en souriant.

Bienveillance, exigence et ouverture : les clés du Château la Lagune

Vous l’aurez compris, ici, rien n’est laissé au hasard, mais une ambiance bienveillante règne : “Il y a un vrai confort de travail,” affirme Alexandre, le maître de chai. “Nous prenons le temps de bien faire les choses. L’environnement de travail est agréable, on peut travailler avec précision.” Le chai, rénové il y a 20 ans, en 2004, étonne encore aujourd'hui par sa modernité, la facilité de circulation et sa commodité.

Un confort, qui permet à chacun de donner le maximum : “Si nous obtenons du vin de qualité, ce n’est pas parce qu’on nous impose une pression extérieure. Ici, chacun fait preuve d’une exigence individuelle et collective” assure le maître de chai.

L’ouverture sur d’autres régions est une autre clé de la réussite au domaine. Pendant longtemps, Bordeaux a été critiqué pour son style trop bordelais, trop conservateur. Ce n’est pas le cas de La Lagune, pour une simple et bonne raison : la famille Frey n’est pas d’origine bordelaise. À la tête de domaines dans la Vallée du Rhône, et en Bourgogne, l’échange de bonnes pratiques est monnaie courante au sein des domaines familiaux.  “Cette organisation nous ouvre à d’autres pratiques et influences. Nous échangeons régulièrement avec les collègues des autres domaines, on expérimente, on adapte des pratiques venues d’ailleurs. C’est très enrichissant,” indique François-Régis.

L’âme hospitalière de la chartreuse

En continuant la visite, on découvre une élégante bâtisse de 1730, communément appelée “chartreuse” à Bordeaux. Malgré une décoration travaillée, on s’y sent comme à la maison. Et pour cause ! Les photos de famille des Frey ornent les murs, des livres sur le vin (mais pas seulement) sont disposés dans les différentes pièces, invitant à l’évasion, confortablement installés sur les fauteuils moelleux. 

Qu’on se l’avoue également : l’accueil de Stéphane, au petit soin, la générosité de Luna, la responsable commerciale, et la cuisine de Catherine (et un clafoutis aux cerises élu unanimement comme le meilleur jamais mangé par l’équipe du Petit Ballon), ont grandement participé à cette sensation. 

Une chose est sûre : au Château La Lagune, on s’y sent bien et cela se ressent sur leurs vins.

Pour découvrir la vidéo de la dégustation commentée d’Antoine Pétrus, notre sommelier, du Château La Lagune, cliquez ici. 

 

 

 

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