Dans le jukebox de Joseph en Octobre
Domaine Gayda - Syrah 2013 (rouge) IGP OC
Deux albums très différents pour célébrer la bonne humeur de ce vin de Carcassonne, deux disques entre innovation – Caribou – et tradition – The Rentals.
Caribou - Our Love
Merge / Électro-psychédélique
Caribou est désormais un groupe important, rendu célèbre par l’électronique Swim (2010). Qui est Dan Snaith, le génie derrière tout ça ? Un jeune docteur en mathématiques anglais – sans rire – depuis 2005 et la publication de sa thèse Overconvergent Siegel Modular Symbols. À l’époque d’Andorra (2007) – le chef-d’œuvre folk de Caribou –, il prétendait déjà utiliser des théories mathématiques pour composer ses chansons et leurs textures foisonnantes.
Our Love est dans la lignée électronique de Swim. D’après Dan Snaith himself, ce disque a été enregistré pour remercier le public de l’accueil fait lors de la prodigieuse tournée de Swim : les gens trouveront ici de quoi lever les mains et danser. Ces chansons débutent souvent a minima avec un beat puis des claps, quelques volutes de flûtes traversières lointaines, la voix de Dan noyée dans un delay profond… pour finir crescendo, après bien des détours acides et psychédéliques, rarement prévisibles. Du point de vue mélodique, les compositions sont bien plus en retenue qu’à l’époque d’Andorra. Marqué par sa tournée des clubs sous le nom Daphni, la plupart des titres sont plutôt orientés vers le dancefloor à l’image du premier extrait Can’t Do Without You ou ce Our Love qui nous ramène presque au son de synthés de la house de Detroit. Les pépites mélodiques de l’album sont : Back Home et Your Love Will Set You Free.
The Rentals - Lost in Alphaville
Polyvinyl Records / Power pop
Dissident de Weezer après avoir participé aux deux premiers albums – cultes, Matt Sharp est resté dans les mêmes territoires : une power pop musclée.
Pour ce 4e album de The Rentals, seulement, depuis 1995, une belle brochette de collaborateurs s’est penchée sur le berceau de ce Lost in Alphaville. Ce disque a été produit par Matt Sharp en personne puis mixé par D. Sardy (LCD Soundsystem, Jay-Z). On y retrouve Patrick Carney à la batterie (The Black Keys), Ryen Slegr à la guitare (les excellents confrères d’Ozma), ainsi que Jess Wolfe et Holly Laessig (Lucius déjà chroniqué ici).
Les chansons sont pêchues, mélodiques, joyeuses. Claviers Moog et guitares saturées répondent aux chœurs girly et bubblegum de Petra Haden. Bref, on est relax, presque comme chez feu Granddaddy ou Smash Mouth.
Je vous recommande chaudement les tubes Stardust, 1000 Seasons et la pépite Irrational Things (avec sa chorale et sa joie). Ça fait du bien d’être un éternel ado à Converse !
Château de Nouvelles - Cuvée Vieilles Vignes 2011 (Rouge) AOC Fitou
De même qu’il y a du mystérieux, « quelque chose de cathare » derrière ce Château de Nouvelles, il y a de l’énigme et de la magie chez Moodoïd et Blonde Redhead.
Moodoïd - Le Monde Moo
Entreprise / Pop psyché & World music
Contraction entre le mood et une sorte d’androïde, Moodoïd est le quintette frenchy à plumes de Pablo Padovani et de ses quatre musiciennes canons.
Le Monde Moo, qui vient de sortir fin août, est le premier album et fait suite à l’excellent Ep sorti en début d’année. Souvenez-vous, le tube De folie pure. Moodoïd, c’est donc un rock psychédélique rarissime et précieux, en français, digne successeur de Gong ou des Beatles période Magical Mystery Tour.
Moodoïd s’inscrit aussi dans le présent et le futur. En effet, le groupe appartient aussi à la nébuleuse du génie psychédélique Kevin Parker (Tame Impala, Pond & Melody’s Echo Chamber) ; de plus, pour rendre digeste ce magma sonore luminescent, Pablo Padovani est allé chercher à New York Nicolas Vernhes (Deerhunter, Animal Collective).
Résultat : les arrangements sont à la fois rétro et très novateurs. Claviers Moog, guitares analogiques, Bontempi, effet flanger via la cabine Leslie, chambres d’écho et delay à bandes. Et des tubes : Machine Métal, Les Rêves et La Lune. Un disque rare, onirique : « nous laissons le monde Möö en feu. Le feu est bleu, le feu est hypnotique ». De là à dire que Moodoïd est le MGMT français ? Carrément !
Blonde Redhead - Barragan
4AD / Indie rock
Le trio new-yorkais, composé des deux frères jumeaux Pace et de la mystérieuse Kazu Makino, sort ces jours-ci son neuvième album. Que de chemin parcouru ! Des débuts noise dans l’ombre de Sonic Youth, vers leur chef-d’œuvre pop Misery is a Butterfly, puis le virage électronique et éthéré façon Cocteau Twins avec 23 et Penny Sparkle, enfin cet étonnant Barragan produit et enregistré par le fameux Drew Brown (Beck, Radiohead, Charlotte Gainsbourg). Ce disque s’écoute plusieurs fois et il s’aère comme un grand vin. Plus calme que les deux précédents disques, il nous ramène presque à l’époque de Misery is a Butterfly. L’instant onirique de votre mois d’octobre.
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