“La biodynamie ? Quesaco ?” 

Ne faites pas semblant, vous avez probablement déjà entendu parler de la biodynamie. Chez le caviste, un ami ou même avec le Petit Ballon, le vin biodynamique a de plus en plus la cote. Souvent résumé à du bio plus plus, la biodynamie est également critiquée pour être un mode de production agricole mystérieux ou occulte. Pourtant, les bénéfices sont nombreux, à commencer pour l'environnement, alors en route pour tout comprendre sur la biodynamie !

 

La biodynamie, la définition de la rédaction

La biodynamie est une pratique de l’agriculture biologique. Comme le bio classique (label AB / Eurofeuille), l’agriculture biodynamique n’utilise pas l’armada de produits de synthèse pour cultiver une vigne ou des poireaux (si vous préférez les radis, remplacez par radis). Exit l’aide de pesticides comme le glyphosate, d’insecticides et même de fongicides pour éradiquer le général en chef mildiou, le champignon le plus connu dans les vignes. Comme en bio, ces produits sont donc INTERDITS !

Alors les différences avec le bio résident autour de la philosophie et de la pratique. La biodynamie s'intéresse davantage aux sols, qu’elle considère comme un être vivant. Comme nos grands-mères, elle utilise des tisanes de plantes puis des préparations qui lui sont bien spécifiques telle que la bouse de corne, nous y reviendrons plus tard. 

Pour la vinification du vin, les labels Demeter et Biodyvin sont également plus stricts quant à l’utilisation d’intrants et de procédés oenologiques autorisés. Mais quelles sont les origines de cette agriculture ?

Origines de la biodynamie

Alors qu’elle ne se nommait pas encore “Biodynamie”, cette agriculture prend racine en 1924 avec un certain Rudolf Steiner, célèbre intellectuel et philosophe autrichien de son époque. Steiner, comme on le nomme dans le jargon (et avec l’accent s’il vous plaît), organisa une série de conférences pour des agriculteurs qui trouvaient d’ores et déjà une dégénérescence dans la nouvelle pratique de l’agriculture. Rappelons qu’à cette époque d'après-guerre, le mode de culture conventionnelle démarrait son expansion, notamment avec la mise en place de la monoculture, l’utilisation des engrais minéraux solubles et de certains pesticides synthétiques. Ce n’est que bien plus tard, au cours des trente glorieuses, que le nom de biodynamie verra le jour, issu d’une fusion entre deux courants, le biologique et le dynamique, termes qui forment alors le mot que nous connaissons. 

La biodynamie est un  mode de culture empirique qui s’est donc développé avec l’apport d’études, d’observations et de pratiques de chercheuses, chercheurs, agricultrices et agriculteurs… Mais pour en arriver où ?

 

Les préparations biodynamiques

S’il y a bien des actions spécifiques qui différencient le bio de la biodynamie, elles sont dans les épandages de préparations dîtes biodynamiques. Bouse de corne et silice de corne en sont les plus célèbres, mais nous aurions pu également aborder les tisanes d’ortie, de reines des près ou de thés de compost. Restons, si vous le voulez bien sûr les deux premières, les plus célèbres, utilisées, celles inscrites au cahier des charges des deux labels. La première, la bouse de corne, est pulvérisée sur les sols à l’automne et la seconde, la silice de corne, s’applique sur la partie aérienne de la vigne durant le printemps.

La bouse de corne, appelée également préparation 500 par les services secrets français, est une préparation réalisée à partir de bouse de vache fraîche insérée dans une corne de vache et le tout enterré dans le sol pour une période de 6 mois. Point important : les bouses sont issues d’élevages certifiés bio et les cornes sont récupérées à l'abattoir. En biodynamie, interdiction de couper les cornes des bovins encore en vie ! Après fermentation dans le sol, la mixture est ensuite récupérée et ne présente plus du tout le même aspect qu’auparavant. Elle est devenue un terreau extrêmement fertile et bourrée de millions de microorganismes. C’est donc pour cela qu’elle est ensuite mélangée à de l’eau de pluie puis épandue sur les sols, pour y booster la vie microbienne.

La silice de corne, appelée aussi préparation 501 par la CIA, est une préparation réalisée à partir de roche appelée quartz, broyée finement pour en récupérer la silice, élément le plus abondant sur la croûte terrestre. Cette silice est alors insérée dans une corne, elle-même enterrée dans les sols durant l’été. Une fois récupérée, elle sera mélangée à de l’eau puis pulvérisée sur la surface foliaire (les feuilles en langage pro). Effet souhaité : apporter de la vigueur aux feuilles afin qu’elles captent davantage de photosynthèse, ce qui aura pour résultat d’augmenter sa résistance aux maladies. Étrange ou pas ? C’est à vous d’en juger… Nous, on aime les vins biodynamiques !

 

Zones d’ombres et préjugés de la biodynamie

Afin de mieux cerner cette méthode de culture, il est important de comprendre ce que l’on reproche à la biodynamie. Corne enterrée, calendrier lunaire et astral, cosmos et son créateur Steiner, les zones d’ombres ou préjugés sont nombreux.

La citadine et le citadin que nous sommes aujourd’hui s’est éloigné de la nature. En ce faisant, nous avons moins regardé ce qu’il y avait dans nos assiettes et surtout de quelles façons elles sont préparées. Ingrédients et additifs, le consommateur final a laissé tout ce pouvoir de fabrication aux producteurs. Alors comment comprendre lorsque les agricultrices et agriculteurs parlent de travailler avec des bouses de vache… C’est pourtant l’une des clefs pour commencer à comprendre : respecter l’agriculture.

Cultiver avec la lune ? Bizarre peut-être, mais pourtant, même en bio et en conventionnel, beaucoup tiennent compte des rythmes lunaires, et cela, depuis l’Egypte antique. De ces rythmes lunaires découle un calendrier biodynamique qui définit par exemple des moments plus propices pour les travaux à réaliser en lune croissante ou décroissante, notamment pour les préparations du sol ou la plantation de semis en lune montante. Mettre son fumier dans une bouse de vache ? Étrange également, mais la pratique donne du sens aux vigneronnes et vignerons, et ça marche ! 

 

Des labels, en veux-tu en voilà

Ce n’est pas nouveau, les Françaises et les Français adorent les labels, les certifications et les appellations : c’est un signe de qualité ou d’origine. Demeter et Biodyvin sont les organisations qui certifient et organisent le contrôle de la pratique biodynamique en France. Avant toutes choses, il est obligatoire qu’un domaine viticole soit certifié à l’agriculture biologique (AB, Nature et Progrès) avant de pouvoir jouir de l’un de ces deux labels. La période de conversion est d’au minimum 2 ans. 

“Environ 700 domaines certifiés”

A ce jour, Demeter International est la plus ancienne et la plus grande des deux organisations. Fondée en Allemagne dans les années 1930, elle certifie d’une pratique biodynamique sur l’ensemble des productions de l’agriculture, de l’élevage et des produits transformés (gâteaux, condiments). Demeter France veille à organiser l’audit, la certification et le contrôle du cahier des charges sur le territoire français. Plus petit, Biodyvin est un syndicat français créé en 1995 et uniquement spécialisé dans le secteur viticole. En France en 2021, la biodynamie représentait environ 700 domaines certifiés sur 10 800 hectares, soit environ 1,28 % de la surface viticole française, presque une aiguille dans une botte de foin…

Résumons les grandes lignes de leur cahier des charges. La biodynamie est une pratique agroécologique qui limite la quantité de cuivre maximale à épandre dans les vignes pour traiter les champignons (seulement 3 kg / hectare / an), oblige un domaine à favoriser la biodiversité sur son territoire (projet d’agroforesterie, de haies, de nichoirs à oiseaux), incite à être le moins interventionniste possible sur ces sols et au chai lors de la vinification. Au total, seuls 9 intrants œnologiques au chai sont autorisés dans le cahier des charges de Demeter contre une cinquantaine en bio. Alors, tout cela pour quels bénéfices ?

 

Les bénéfices de la biodynamie

Malgré les préjugés et les critiques, il faut l’avouer : la biodynamie est une bonne certification dans le secteur du vin. Avec ses cahiers des charges plus poussés, aussi bien à la vigne qu'au chai pour la vinif’, les bénéfices sont nombreux.

La philosophie de la biodynamie est de respecter au maximum les sols. Considérés non pas comme un support de production, mais plutôt comme un immense être vivant, la biodynamie les rend plus vivants et plus actifs, notamment sur la population de microorganismes et de vers de terre. Selon la plus grande étude comparative (commencée en 1978 et toujours en cours) comparant parcelles conventionnelles, biologiques et biodynamiques, les sols cultivés en biodynamie contiennent 60 % de microorganismes en plus que ceux travaillés en conventionnel et 30 % par rapport au bio… Cette viticulture n'est toutefois pas toujours facilement adaptable à tous les climats.

Elle apporte également une plus grande diversité microbienne que les sols cultivés en conventionnel et en bio, et plus particulièrement sur les interactions entre champignons et bactéries. Une étude 2021 portée par l’INRAE de Dijon a démontré que ces interactions entre les bactéries et les champignons sont 30 fois supérieures au bio. Enfin, toujours d’après le FIBL, les essais initiés par cet institut de recherche européen ont démontré que les émissions de gaz à effet de serre étaient inférieures de 61 % sur les parcelles biodynamiques par rapport aux parcelles conventionnelles. Et oui, la biodynamie permet également de lutter contre le réchauffement climatique…

 

Voilà, vous en savez plus sur la biodynamie !
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