On en parle assez peu, mais la Chine est devenue le second plus gros producteur de vins en termes de superficie au monde.
Voilà qui a de quoi nous intriguer. On a donc décidé de réaliser une petite enquête au pays du vin chinois !
Des débuts timides
Depuis des millénaires, les Chinois fabriquent des boissons alcooliques à base de céréales. On y retrouve notamment le baijiu, très populaire - mais aussi le saké, un alcool fait à base de riz, dont nous vous parlions dans un autre article. Difficile donc pour le vin chinois de venir se faire une place. En réalité, ce n’est qu’au cours du IIe siècle, que la viticulture fait son apparition. De façon étonnante, les vignes furent importées d'Europe très probablement, alors que des recherches ont aujourd’hui révélé un nombre conséquent de variétés de vignes sauvages sur le territoire chinois ! Oups.
La production continue alors sous la dynastie des Tang, mais les progrès sont réellement notables à l’époque de Marco Polo, sous la dynastie des Yuan, dans les années 1230. À cette époque, l’empereur fait planter des vignes aux quatre coins de son empire, pour vérifier où elles poussent le mieux.
Au cours du 19e siècle, les missionnaires européens étant de plus en plus nombreux à fouler les terres chinoises, la production de vins chinois se développe, mais reste modeste comparée à la taille du pays.
Merci monsieur le Premier Ministre
C’est réellement au 20e siècle que les choses sérieuses commencent. Des vignes sont plantées sur les rives du fleuve Jaune après la guerre et dans les années 80, grâce à la politique de réforme et d'ouverture, la production de vin est multipliée par 3.
La consécration du vin chinois arrivera en 1996, grâce à Li Peng, le Premier ministre de l’époque. Il déclare lors d’un banquet du Parti Communiste Chinois que le vin est “bénéfique pour la santé”, tout en trinquant d’un petit vin rouge. L’effet est immédiat et le vin devient tendance en Chine.
Aujourd’hui, le vignoble chinois couvre plus de 800 000 hectares et est ainsi le second plus grand de la planète, dépassant notre bonne vieille France, l'Espagne restant le numéro un.
Mais le vin chinois a longtemps eu mauvaise réputation, car les viticulteurs étaient dans un premier temps rémunérés sur la base d’une production au poids et non à la qualité ! De nos jours, ce constat s’atténue grandement, grâce notamment à des vignerons français qui investissent en Chine, en apportant leurs savoirs. Ce fut notamment le cas de la maison de cognac Rémy Martin, ou encore les groupes LVMH et Pernod Ricard. Enfin, les jeunes Chinois sont de plus en plus nombreux à venir se former en France, afin de développer toujours la production de vin chinois.
Et dans le verre alors, ça donne quoi ?
La Chine, grâce à son territoire énorme, part avec un avantage majeur dans sa poche. Ses différents climats permettent la culture d’une grande variété de raisins. On peut ainsi passer de la région glaciale de Tonghua, tout près de la Corée du Nord à un terroir très sec comme le Gansu-Wuwei, à l’ouest du pays où s’épanouit tranquillement des cépages comme le grenache, la syrah ou encore le cabernet sauvignon.
Dans le verre, on retrouve donc une grande variété d’arômes, même si, la majorité de la production étant destinée aux Chinois eux-mêmes, ces saveurs suivent le marché (des rouges fruités et prononcés au Nord et à l’Ouest et des vins rouges plus légers au Sud). Fait intéressant, le vin chinois ne s’intéresse pas vraiment pour le moment à la distinction entre un vin conventionnel et un vin biologique.
En conclusion, il y a tout à découvrir du vin chinois, en pleine expansion ! Les techniques de vinification s’améliorent et un grand cru vient même d’intégrer la Place de Bordeaux, qui regroupe les négociants et courtiers en vins de Bordeaux. Baptisé Ao Yun, les vignes de ce grand cru de l’Himalaya sont cultivées dans le Haut-Yunnan entre 2100 et 2600 mètres d’altitude !
Bref, le vin chinois n'a pas fini de nous surprendre.
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