Il y a les appellations iconiques, celles connues de tous, qu’on peut choisir les yeux fermés sans trop se poser de questions. Et puis il y a les plus petites, celles restées dans l’ombre ou qui se font une place au soleil lentement mais sûrement, les inconnues. 


C’est quoi une appellation ?

L’appellation, c’est l’AOP, l’Appellation d’Origine Protégée. Voici sa définition officielle : "certification européenne destinée à protéger la dénomination de certains produits agricoles fabriqués dans une aire géographique délimitée, selon un savoir-faire traditionnel spécifique".

Pour être clair, c’est un label qui protège les produits ayant un terroir et un savoir-faire forts. L’AOP c’est la certification au niveau européen. Mais il y a d’abord eu l’AOC, l’Appellation d’Origine Contrôlée, c’est son équivalent français à l’origine du concept.

Depuis quand ?

L’AOC a été créé en 1905 pour lutter contre la fraude dans le vin suite à la crise du Phylloxera (un puceron ravageur venu des États-Unis qui a détruit la quasi-totalité de la vigne à l’époque). 

Qui est concerné ? 

Les vins, les fromages, certains fruits et légumes comme la noix de Grenoble, les épices comme le piment d’Espelette, certaines huiles, et même la viande avec par exemple le poulet de Bresse.

Les chiffres

- 363 appellations viticoles en France
- 21 milliards d’euros de chiffre d’affaires
- 57 appellations à Bordeaux pour 118 000 hectares
- 97 en Bourgogne pour 29 000 hectares

 

Des règles qui bougent 

Il arrive souvent que des modifications soient faites pour adapter les contraintes du cahier des charges à celles de la vie ! Par exemple en 2019, le Syndicat des Bordeaux et Bordeaux supérieurs a annoncé que 7 cépages venant du pays basque, des Pyrénées et du Portugal, allaient être introduits à titre expérimental dans la vigne bordelaise. L’objectif ? S’adapter au réchauffement climatique, réintroduire des cépages oubliés, mais aussi utiliser des cépages actifs qui permettent de limiter l’utilisation de produits non naturels. 


Les contraintes de l’appellation

Comme disait Oncle Ben dans Spiderman, "un grand pouvoir implique de grandes responsabilités". Forcément lorsqu’on veut préserver l’intégrité d’un produit, il y a quelques contraintes définies par un cahier des charges très précis, cela concerne : 

  1. Le terroir : définit précisément de quelles parcelles et communes le vigneron doit procéder à la vinification, l’élaboration et l’élevage des vins pour pouvoir en faire partie.

  2. L’encépagement : les cépages qu’il est possible de planter sur ce terroir. Il existe les cépages principaux, obligatoires pour faire ce vin et présents en pourcentage important et les cépages accessoires dont la proportion ne doit pas dépasser 10%.

  3. Le rendement : le volume maximal de vin récolté par hectare de vigne à ne pas dépasser. Par exemple il ne doit pas dépasser 45 hectolitre/hectare pour l’appellation Romanée-Conti contre 90 hl/ha pour l’appellation Crémant de Bourgogne.

  4. L’élevage : période durant laquelle on laisse reposer le vin pour qu’il gagne en maturité. Pour l’appellation Romanée-Conti, elle doit durer jusqu’au 15 juin de l’année qui suit celle de la récolte, contre le 15 août pour l’appellation Terrasses du Larzac.

  5. Conduite du vignoble : le cahier des charges définit également des règles sur la densité de plantation, la taille de la vigne, l’irrigation, etc.

  6. Récolte et transport : conditions de la récolte, capacité des bennes de transport de la vendange, degré de maturité du raisin, aucun détail n’est oublié ! 

Ces contraintes sont des gages d’intégrité, mais pas de qualité. Comme le disait Philippe Mauguin lorsqu’il était directeur général de l’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité) : « [l’appellation] est une garantie d’origine et de tradition. Elle ne donne pas d’assurance gustative. Un vin AOC n’a pas forcément meilleur goût qu’un autre. »

 

Les autres labels du vin

L’AOP n’est pas le seul label qui régit le vin en France, il existe aussi l’IGP et le Vin de France. Si pour certains la question ne se pose même pas - ils veulent faire partie de l’appellation - pour d’autres l’IGP offre un plus grand espace de liberté, avec plus de choix, notamment en matière de cépages ou de techniques culturales, leur permettant de faire la différence. 

Parlons d'abord de l'IGP. C’est l’indication géographique protégée. Appellation créée en 1992, puis étendue au vin en 2009. Voici sa définition : l’IGP identifie un produit agricole, brut ou transformé, dont la qualité, la réputation ou d’autres caractéristiques sont liées à son origine géographique. Ici contrairement à l’AOP qui consacre à la fois le savoir-faire et la zone géographique, c’est l’origine géographique seulement qui prime. 

 

Les chiffres 

- 74 IGP viticoles

- 4,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires pour l'ensemble des produits sous IGP

Les contraintes

- Le rendement

- La teneur en alcool en fonction de l’emplacement géographique

- Le respect de la zone géographique pour toutes les étapes de la récolte à la vinification

Les libertés

- Les cépages, chaque vigneron est libre de planter ce qu’il veut

- La conduite du vignoble : les techniques de culture sont également à l’appréciation de chacun


En bref, les vins en IGP sont très pratiques pour qui veut se lancer dans le vin de cépages. Oui, car si en France nos labels sont classés par zones géographiques, à l’international, c’est souvent le cépage qui est mis à l’honneur. C’est ainsi qu’on entend régulièrement dans les séries américaines, des personnages comme Olivia Pope ou Alicia Florrick, demander un chardonnay ou pinot noir (avec l’accent s’il vous plaît). La souplesse de l’IGP permet de produire des vins mono-cépages, mais aussi de pouvoir l’indiquer sur l’étiquette de manière visible, ce qui les rend plus lisibles aussi pour qui ne sait pas quoi choisir. 

 

Les vins de France ou le goût de la liberté

Aussi appelés les vins sans indication géographique, les vins de France ont remplacé les vins de table en 2009. Le nom fait plus envie, il faut le reconnaître ! Tout vin qui ne faisant pas partie d’une AOP ou d’une IGP, est automatiquement un vin de France. Depuis cette date ils ont le droit d’afficher le cépage et le millésime sur l’étiquette, ce qui permet de donner un peu plus de prestance, et d’informations pour le consommateur !

Vous l’aurez compris, si l’appellation offre notoriété et protection, pour certains le plus important c’est la liberté ! Liberté d’exprimer son talent ce qui en fait le terrain de jeu des néo-vigerons, férus d’indépendance, et adeptes de vin bio, biodynamiques ou nature. Mais aussi parfois, liberté de faire des gros rouges qui tâchent, sans limite de rendements, il ne faut pas les oublier… Mais vous nous connaissez bien, vous aurez déjà deviné que c’est la première catégorie qui a retenu notre attention. Car les vins de France, pour certains, c’est la possibilité de s’exprimer pour de bon et de créer des vins avec une âme, une vraie ! 

 

Les chiffres

- 5% de la production française

- Bond de +73% de producteurs en 10 ans

- 172 millions de bouteilles vendues en 2017

Les libertés

Le vigneron peut mélanger des vins et des cépages de différentes régions, il n’y a pas de limites géographiques.

Les contraintes

Il est interdit de faire figurer la mention « Château » ou « Domaine » sur l’étiquette


Et voilà ! Normalement, vous en savez un peu plus sur les appellations françaises du monde du vin. Au Petit Ballon, pour vous simplifier la tâche, plutôt que de vous parler appellations ou châteaux, nous préférons vous parler de goûts.

Envie de découvrir le vôtre ? Faites le test en cliquant ici ! Bientôt, vous ne choisirez plus vos vins au hasard !

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